Chaval

Chaval , de son vrai nom Yvan Francis Le Louarn, est un dessinateur humoriste français né à Bordeaux le 10 février 1915. Il s'est suicidé à Paris le 22 janvier 1968.


Né dans une famille bourgeoise de Bordeaux, il fait des études à l'École des beaux-arts de Bordeaux , puis à l'École des beaux-arts de Paris. Un oncle bohème et fantaisiste, peintre et décorateur, toujours habillé en clochard, ami d'Alphonse Mucha, l'initie aux œuvres des humoristes, Mark Twain, Alphonse Allais , Jerome K. Jerome. Il pratique la gravure et c'est à la demande d'un éditeur d'illustrer des livres qu'il s'est installé à Paris. Il exerce ensuite divers métiers, et travaille pour la publicité, illustrant notamment une longue campagne pour les produits en tube, tout en publiant ses dessins d'humour.
En 1942, il réalise plusieurs caricatures d'humour noir, jugées depuis antisémites pour le journal collaborationniste bordelais Le Progrès . Dans les Entretiens avec Chaval de Pierre Ajame, il dit avoir eu « mentalement un côté collabo », ajoutant : « la chose publique ne m'intéresse pas, je n'ai jamais milité. Je suis toujours resté seul ». C'est seulement dans les années 1950 que Chaval connaît la notoriété. Il dessine alors dans de nombreux journaux à grand tirage où son humour décalé est diversement apprécié. Il obtient en 1953 la Coupe Internationale du Meilleur Dessinateur . Utilisant jeux de mots et calembours, ses dessins sont remplis de dérision.

Son pseudonyme est choisi en hommage au facteur Cheval, qui fut transformé en Chaval après une erreur de transcription.

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Chaval : humour libre

Exposition au Musée des Beaux-Arts de Bordeaux (salle des essais) du 5 juin au 21 septembre 2008

Les dessins d'humour de Chaval sont le fruit d'une époque bien particulière, marquée par certaines désillusions qui sont celles de l'après-guerre. Les références humanistes et les considérations anthropomorphiques semblent avoir disparues. Pourtant, l'humour de Chaval demeure bien vivant, car il ne s'applique pas à un phénomène ou à un travers de la société, mais bien au-delà, à un monde au sein duquel l'homme évolue. On peut affirmer que son travail ne se démode pas et qu'il peut même être perçu comme intemporel. Le goût de l'absurdité, de l'insolite, fait son apparition en France avec Maurice Henry, ami des surréalistes. Pendant l'entre-deux-guerres, le niveau du dessin satirique avait baissé considérablement en France. Seuls Gus Bofa et Paul Iribe réalisaient un travail de bonne qualité. En 1945, une sélection de dessins du New Yorker exposée à l'ambassade des États-Unis à Paris et, conjointement, la publication du premier album de Saul Steinberg All in Line va presque effacer la caricature française; jusqu'en 1953, très précisément, date de la parution de Manigances de Chaval, André François et Mose, et de la publication de la revue Bizarre sous la direction de Jean-Jacques Pauvert. Cette renaissance française fut possible grâce à « deux révolutions : d'une part, le renouvellement complet des thèmes de l'humour et d'autre part, l'importance devenue primordiale du dessin qui est fait maintenant pour être regardé, lu attentivement ». Le caricaturiste doit combiner son talent de dessinateur avec son talent d'humoriste. Avec Chaval, nous pouvons aussi montrer combien le comportement du  caricaturiste  est  presque toujours en contraste naturel avec ce qu'il produit. Le caricaturiste est souvent un homme renfermé, triste, très sensible, un peu déprimé. Les moralistes remarquaient déjà que l'humour est le fait des gens tristes. Son dessin est un défoulement.   Créatif  et  contestataire,   le caricaturiste   attaque   certaines   attitudes, certaines situations, tout ce qu'il n'approuve pas. Il réagit, il lutte, il proteste.        Mais lorsqu'il s'aperçoit que la contestation n'opère pas, alors il perd tout espoir et plonge dans le pessimisme le plus noir. Chaval s'est détruit    pour   avoir,   peut - être,   donné  les meilleures armes pour briser des institutions et des travers de la société qu'il contestait. Il a attaqué pendant toute sa carrière la stupidité de cette société, le conformisme, le chauvinisme, la bureaucratie... Il s'est épuisé à cette lutte et s'est donné la mort, laissant la place à une nouvelle génération de dessinateurs d'humour. En 1969, paraissait Harakiri Hebdo et l'année suivante Charlie Hebdo. Le dessin d'humour français s'éloignait de Steinberg, et d'une certaine façon de Chaval, et renouait avec la violence politique, voire avec l'agressivité sexuelle des dessinateurs de la Belle Époque. Wolinsky, Cabu, Reiser, Gébé, à travers Siné, tendaient la main à Léandre et Jossot. L'exposition Chaval Humour libre a reçu le soutien de la Maison Grosperrin, Cognacs de collection ; de Paris-match, de Sud-Ouest, de la Galerie MR, de la Librairie Mollat et de la Ville d'Angoulême.

Voir le dossier complet de présentation de l'exposition


Un objet de la vie courante, comme le disque bleu, ne pouvait pas laisser notre artiste indifférent...


"L'Horodateur"

 







Une page de "Paris Match"

 

   
Page MàJ le 24/11/2018